La promenade en bateau mouche : "a fly in the ointment!"

Peu avant que sa maladie se manifeste, l’Homme aux Gitanes s’était disputé avec sa femme, ou plutôt s’était fait disputer par sa femme, au sujet de la grande fête qui aurait lieu à bord d’un bateau-restaurant pour fêter Noël. Tout le personnel, Managers, assistantes, secrétaires,… était invité et pouvait être accompagné par une personne de son choix. Geisha avait choisi de se rendre seule à la fête, à laquelle Manager Amoureux avait d’abord refusé de se rendre, puis il avait cédé à l’argument –choc de l’assistante de direction : «- Toi, si tu ne viens pas, je te tue...».

Geisha se demandait avec angoisse si la blonde épouse de Manager Amoureux serait de la partie. L’assistante de direction lui rapporta alors la dispute du couple, suite à laquelle Manager Amoureux fit son apparition seul sur le bateau-restaurant. Son épouse avait regagné la grande villa familiale, en province, laissant son mari seul dans l’appartement parisien. L’Homme aux Gitanes se plaignait depuis quelques temps déjà de douleurs au dos, il croyait avoir un lumbago et son médecin lui avait donné des anti-inflammatoires que ni son estomac ni ses intestins ni lui ne supportaient. Aussi, dès la fin du repas-promenade, alors que le bateau rentrait à quai, il bondit tel un diable hors de sa boîte afin de rentrer chez lui. Geisha avait passé une fort mauvaise soirée, le pressentiment d’un malheur, d’une perte, ne la quittant pas.

Toute la soirée durant elle avait été rouge comme une écrevisse, alors qu’elle n’avait pratiquement touché ni aux vins, ni aux apéritifs, se contentant d’une demi coupe de champagne. Durant la nuit, l’Homme aux Gitanes dormit fort mal, le lendemain, il fut mal en point, et le dimanche matin, tandis qu’il était seul à son appartement parisien, il faillit être terrassé par une péricardite. C’est à la suite des examens qu’il subit à l’Hôpital de Neuilly que le cancer des poumons, dont la péricardite n’était qu’un symptôme, fut diagnostiqué. L’interne qui le prit en charge ne voulut pas le laisser repartir ainsi que l’Homme aux Gitanes le souhaitait : «- Si vous voulez sortir, il faudra me signer une décharge, car il n’est pas certain que dans 24 heures vous soyez encore en vie».

Suffisamment impressionné pour consentir à la prise en charge en soins intensifs (avec appareil respiratoire) et à une intervention chirurgicale dès le lundi matin, il eut la surprise, émergeant tout juste du protocole chirurgical, de voir à son chevet le nouveau directeur des opérations, un Centralien de 35 ans, ainsi que son collègue depuis 20 ans, le soit-disant rival (depuis la fusion) - tous deux le regardant lutter avec l’appareil respiratoire.

No comments: