Meeting à l'hôpital

Quelques jours plus tard, alors que Geisha alla le voir à l’hôpital, munie de deux essais composés à son attention et d’une boîte de sablés, il lui avoua avoir été blessé et angoissé par cette visite : les managers qui l’avaient exclu depuis plus d’un an de leurs «Management Meetings» étaient ceux-là même qui accouraient le contempler sous assistance respiratoire… "- Ils n’ont pas dû donner cher de ma peau ! Quant à moi, j’ai bien cru que j’allais clamecer !", dit-il à Geisha avec un rire forcé.

Lorsqu’elle le vit dans sa chambre, l’Homme aux Gitanes était en train de feuilleter une revue d’économie, vêtu d’un pyjama vert décoré d’écussons jaunes et pantoufles coordonnées. Ils étaient tous deux intimidés de se revoir en ces lieux, et émus (=maladroitement solennels). Ils passèrent l’entretien debout, chacun d’un côté du lit qui faisait office de bureau ou de fleuve Léthé. L’entretien fut chaleureux malgré tout. L’Homme aux Gitanes ne masquait pas sa peur ; Geisha raconta ses démêlées personnelles avec le monde hospitalier (fibroscopie sans anesthésie, anémie mal diagnostiquée : on lui avait tout bonnement annoncé qu’elle avait une leucémie, son médecin traitant s'en était excusé une semaine plus tard). Geisha partit rassurée : elle l’avait trouvé certes apeuré, mais apparemment il avait bien repris le dessus. Il ne comptait pas rester longtemps en congé maladie, reprendrait le travail dès que possible, quitte à travailler basé chez lui, en convalescence. Mais il fallait qu’il s’occupe l’esprit.

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