Un homme à la mer !

Geisha écrivit dans son journal peu après l’annonce en interne du cancer de son "manager" :

"- Un Homme à la mer !"

Jetée tel un pavé dans la mare, la nouvelle déferla sur le pont. Les marins de «La Jeanne» crurent tout d’abord qu’ils avaient entendu des voix : une sirène jouant les Cassandre… Puis il y eut enquête. Face à cette histoire faisant des remous, les matelots se firent vagues, histoire de se fondre dans le décor, de noyer le poisson. Absurde ! Autant crier : «Un poisson à la mer !». L’équipage questionné sur cette noyade faisait le mort. Chaque marin avait revêtu sa tenue de camouflage – et les enquêteurs partirent à la pêche au poisson noyé. L’enquête progressait à la vitesse de poissons rouges tournant en rond dans leur bocal. Alors ? La faute au poisson-chat ? Un poisson d’eau douce en plein océan ? Et les questions de mener leur monde en bateau, celui parti, justement, à la recherche des arrêtes du poisson mangé. C’est ce qui s’appelle jouer au chat et à la souris. L’enquête déboucha sur un non-lieu. Un océan de non-lieu. La séance fut levée : fin du chat qui court après sa queue, s’est-on félicité. Or maintenant qu’on noie le poisson à terre (là, au moins, on peut être sûr qu’il est mort) et que le bateau se noie dans le vague, on ferait mieux de dire : « -Les rats quittent le navire !» Pour se noyer ? Non, pour aller se saouler dans les bars à matelots.»

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